samedi 1 septembre 2007

Simba - Départ

Samedi 1er septembre, Punta Arenas,

Ca y est c’est le départ. Un vrai faux départ, en fait, car nous avons bien quitté le quai, mais c’est pour jeter l’ancre une centaine de mètre plus loin dans le port afin de laisser la place à d’autres navires. Nous restons à proximité de la côte pour qu’une petite embarcation puisse nous apporter la fameuse « poignée » de la valve de Fred ainsi que quelques produits chimiques indispensables à Isabelle pour ses expériences.

Nous commençons à prendre nos marques à bord du Palmer. Le RV Nathaniel B. Palmer est un « navire de recherche antarctique brise-glace » construit en 1992. Il mesure 94 m, est doté d’une puissance de 12720 chevaux (un grand troupeau…) qui doit lui permettre de briser un peu moins de 1 mètre de glace à une vitesse de 5 km/h. Cette capacité à casser la glace est tout à fait théorique et nous nous rendrons compte très bientôt de ses capacités réelles dans les conditions de glace assez difficiles que l’on attend en cette saison en Mer d’Amundsen. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un des plus grands navires de recherche au monde et certainement un des mieux équipé. Son équipement (sa panoplie complète d’appareils océanographiques et ses calles bien fournies d’une myriade d’appareils de toutes sortes) n’a rien à envier à celui d’autres navires de recherche de par le monde. Ajoutons encore que ce navire est spacieux (sauf la cabine de Fred et Gauthier, Fred n’hésitant pas à nous le rappeler) et peut accueillir jusqu’à 39 scientifiques à son bord. C’est un instrument fantastique pour nos recherches, une « Rolls-Royce de 12720 chevaux peinte en beige et rouge ».

Bruno

vendredi 31 août 2007

Simba - Ambiance febrile

Vendredi 31 août, Punta Arenas,

Il règne une ambiance fébrile à bord : tout doit être prêt pour le départ, demain à huit heures. La journée se passe à vérifier que tout le matériel nécessaire à la mission est bien à bord du navire, car nous allons mettre beaucoup d’espace entre nous et les supermarchés, ce qui n’est sans doute pas un mal. Nous recevons une vanne très spécifique commandée en urgence, qui doit permettre à Fred de pouvoir effectuer ses mesures de dimethylsulfide (DMS), « l’odeur de la mer ». Celle-ci s’effectue comme Martin l’a mentionné il y a quelques jours, à l’aide d’un «chromatographe en phase gazeuse », un nom un peu barbare pour une machine qui l’est tout autant. Cet appareil relativement compliqué nous a été prêté par le programme antarctique américain (USAP). Toutefois, il ne correspond pas tout à fait à ce que nous nous attendions à avoir et nécessite des adaptations cruciales, telles que cette fameuse « vanne ». Une fois reçue, ce n’était pas la fin de l’histoire car, le modèle que nous avons reçu, nécessite une commande pneumatique spécifique, qu’évidemment nous n’avons pas non plus. Toutefois, les personnes chargées de nous aider à préparer la campagne ont été redoutables d’efficacité. Vendredi soir, 19 heures, ils ont réussi à contacter le directeur de la firme qui commercialise l’appareil au Chili sur son téléphone portable. Après un premier échange, deux solutions s’offraient à nous : acheter un nouvel appareil (quelques dizaines de milliers d’euros) ou un kit pour utiliser une valve manuelle qui ne serait pas disponible avant une dizaine de jours… deux solutions peu envisageables. Nouveau contact, avec cette fois-ci Jean-Louis à la manœuvre, il ressort qu’en fait la vanne manuelle et la vanne pneumatique que nous avons sont en fait une seule et même vanne (l’espoir renaît…), toutefois le kit nécessaire pour actionner la vanne manuellement est assez coûteux et évidemment… non disponible. Après quelques instants d’intense réflexion, nous nous sommes rendus compte qu’un bout de tube bien ajusté, devrait suffire à actionner la vanne. Promesse est donc faite de trouver demain un petit atelier pour fabriquer cette petite pièce (une poignée en quelque sorte) avec laquelle nous pourrons actionner la vanne. Ouf, le moral remonte…

20h30, Bruno et Jean-Louis sont encore en train de faire de courses avant de rejoindre le reste de l’équipe pour un dernier repas à terre. La soirée se termine autour d’un dernier verre (le dernier avant deux mois…) avec une partie de l’équipe qui nous a aidé à installer notre matériel. Nous passons ensuite notre première (courte) nuit à bord.

Bruno

jeudi 30 août 2007

Simba - Poursuite des menues « tâches ménagères » et de l’installation du matériel à bord




Punta Arenas, 30/08




Gauthier et Keith (un sympathique scientifique canadien de l’Institut des sciences de la mer, Sidney, Canada) s’arrachent les cheveux en essayant d’assembler la tour à « Eddy Covariance » (covariance de turbulence). Cet intriguant dispositif mesure les concentrations en CO2 au-dessus de la glace en même temps que d’autres données météorologiques (vitesse du vent à 3D, température, humidité de l’air). Le traitement de ces données par une méthode statistique permet d’estimer les flux de CO2 au-dessus de la banquise. Ces mesures nous fourniront des renseignements précieux quand au rôle de la banquise dans le cycle du carbone à cette période de l’année (agit-elle comme une source ou un puit de carbone ?)




La tour a 'Eddy Covariance'



Le reste de l’équipe s’applique à ranger et à arrimer solidement le reste du matériel en vue de la traversée du très redouté Drake Passage (une des régions du globe les plus tourmentées pour la navigation). Professeur Jean-Louis ne semble pas déstabilisé par cette perspective. Il a même détourné une foreuse de sa fonction première de sondage de la glace pour en faire une arme redoutable. Tiens-toi bien, Drake, deux jours encore et nous sommes là !

'L'arme absolue'

Fred & Gauthier

mardi 28 août 2007

Simba - Nutriments, supermarche et derniers arrivants

Punta Arenas, 28/08

Le detroit de Magellan vu du port


Ce matin, comme tous les matins depuis 3 jours déjà, rendez-vous a 8h30 pour le petit déjeuner. A l´unanimité moins une voix, on decide que Fred, dont l´appétit, bien plus important que celui de n´importe quel d´entre nous, le condamnera à se lever une demi-heure plus tôt, afin de ne pas retarder les autres dès l'entame de la journée.

Direction le bateau. Essentiellement pour régler des problèmes avec les instruments de mesure. La moitié de l'equipe doit apprendre a utiliser l´analyseur à nutriments. Ce truc, euh non, cette machine, pardon, sert à analyser des échantillons d´eau de mer (ou d´eau provenant de la fonte de la glace) pour en déterminer sa contenance en différents composés chimiques qui font office de nourriture a de petits végétaux. Il y en a dans l´eau de mer, mais aussi, plus surprenant, dans la glace. On y reviendra, car c´est un des aspects essentiels de notre projet. Bref, apres avoir compris que la machine en question, composee d´un imbroglio invraisemblable de tuyaux connectes a un ordinateur, était capricieuse mais pas indomptable, on a été s'habituer à la nourriture servie à bord.


L´après-midi fut dédié aux courses de derniere minute. Un taxi nous conduit au supermercado local, aussi énorme et rempli que les nôtres. Café, thé, chocolat, nourriture en supplément pour les moments difficiles, mais aussi, pour bruno et nix, un cadi tout plein d´essuie-tout (bruno dit sopalin, il est perpignannais, nous y reviendrons aussi) pour essuyer les fuites de leurs pompes.


Au retour du magasin, moment fort en emotion, l´arrivee de Jean-Louis et Jerroen, deux chaînons manquants de notre equipe, et pas des moindres. Le soir, discussion intense pour les mettre au fait de toute la situation ici.

Cher lecteur, ce soir, ayez une petite pensee pour Bruno, c´est son anniversaire, et pour le chromatographe de Fred (un analyseur pour la composition en gaz), qui, fort timide (le chromatographe), n´a pas encore fait les efforts nécessaires pour fonctionner.

Martin.

lundi 27 août 2007

Simba - Garde-robe polaire

Dimanche 27/08, Punta Arenas.





Au début de la journée, on savait qu'il nous faudrait aller à la garde-robe chercher norte stock de vêtements polaires.
C'est fou le nombre de vêtements qu'il faut mettre pour pas avoir froid. En tout, 5 paires de gants, 3 pantalons, 2 bonnets, j'en passe et des meilleures.

Le type en charge de nous donner les vêtements a dû bien s’amuser à nous voir tenter d’enfiler des vestes trop grandes ou des bottes trop petites enfin soit, je passe les détails. Au lieu d’un sac, on en a tous deux et on croit ferme qu’on n’aura pas froid.

La séance d’essayage fut si longue qu’on a raté l’heure du repas à bord, bien matinale à vrai dire pour nos estomacs un tantinet latins voire perpignanais. Le repas consommé sous une musique 80’s, on retourne au bateau pour continuer à déballer. La grosse artillerie en fait : hotte, chromatographe, fluorimètre, qu’il faut absolument caler vu l’état nerveux de l’océan auquel on s’attend.

Florence dans son aquarium, pardon sa hotte à flux laminaire.

La journée s’achève dans une oisiveté forcée par notre avancement trop rapide, on est trop forts !

Martin.

dimanche 26 août 2007

Simba - Chargement

26/08

Le matin, nous avons rejoint le bateau.


Premier contact avec les personnes qui vont nous aider à installer le matériel à bord. Premiers stress également, commandes qui ne sont pas arrivées, manque de transformateurs et d’adaptateurs pour convertir le 110V du navire en 220V pour nos appareils, la routine…. Mais, les techniciens américains qui nous accueillent sont très serviables, et tout le monde est très enthousiaste.


Notre container est rapidement monté à bord et en une heure et demie, nous avons déchargé et rangé nos 58 caisses de matériel.

Le navire est spacieux et déjà nous commençons à nous installer, ou devrions-nous dire coloniser l’espace, car l’espace est cher, même si le navire est très spacieux.









Premier arrivé, premier servi, entendons-nous dire. Le conseil a été entendu et rapidement une montagne de caisses encombre déjà le laboratoire principal.

Au soir, nous savourons quelques plats espagnols revus à la mode chilienne. Mais nous accusons un peu la fatigue après une journée bien remplie et nous retrouvons rapidement notre hôtel, Isla Rey Jorge – l’île du Roi Georges. L’hôtel est confortable, avec son décor vieille Angleterre peut-être désuet, mais c’est ce qui fait son charme. Il est également empreint de rappels de l’Antarctique, souligné par le souffle du vent qui fait vibrer les fenêtres et s’amplifie peu à peu. Demain sera une journée ventée…






Bruno.