mercredi 19 septembre 2007

Simba - Come back to the ice

Mercredi 19 septembre

Un court mais important update.
Cette fois c'est sûr, nous repartons vers la glace, Jeudi vers 9 heures. Nous avons tous été réunis ce matin pour nous l'annoncer officiellement. Tous les test de la qualité de l'air ont été négatifs (ce qui veux dire que l'on peut respirer l'air à bord du navire sans problèmes). Le retour à Punta Arenas se fera le 31 octobre (pas septembre) dans l'après-midi ou au soir, comme prévu initialement. Nous allons foncer vers la glace (sur quatre moteurs au lieu de deux) et plus à l'est que prévu, afin de gagner du temps. Nous devrions toucher la glace Lundi prochain en première approximation, peut-être plus tôt, et pour l'instant Neptune semble toujours être de notre coté pour cette troisième traversée du passage de Drake.
En ce qui concerne les e-mails, il semble que nous nous rapprochons de la solution et nous devrions y avoir accès (le corollaire est que le blog pourra être mis à jour), mais ce n'est pas garanti à 100%.
Voilà, c'est reparti, en accéléré et avec les moyens du bord, mais le plus important ce que nous y retournions.

Bruno

mardi 18 septembre 2007

Simba - Les couleurs de l’arc-en-ciel


Punta Arenas, le mardi 18 septembre.

Après un long temps d’absence, je l’admets, me revoici derrière mon clavier d’ordinateur pour communiquer avec le monde par la voie virtuelle. Il faut dire que notre humeur à tous ici est passée par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Voici un long résumé de notre parcours en zig-zag.

1. Le soir où nous avons posté toute l’info sur le blog depuis Palmer Station, on nous a rassemblé brusquement devant un grand écran connecté par vidéo conférence avec Denver. Deux types de la boîte privée qui s’occupe de la logistique à bord nous ont annoncé que pour raisons sanitaires nous devions rentrer à Punta Arenas. Ce qui a d’un coup dégonflé le ballon du moral des troupes. Pfffiout. Rentrer à Punta Arenas, ça veut dire amputer la science d’un gros morceau. Ou peut-être se voir dire progressivement, pour ne pas brusquer nos petits cœurs délicats et émotifs et enclins à la révolte, que la campagne est tout simplement annulée. Les magnifiques paysages englacés du retour ont un goût amer, voire presque acide.

2. Cependant, un jour n’est pas l’autre, et progressivement, sur le trajet du retour, bercée par la houle exceptionnellement paisible de l’Océan Austral, la flamme de l’espoir s’est peu à peu ravivée. Cette flamme est revigorée par les rumeurs déformées des coups de fils de notre chef scientifique Steve Ackley avec les hautes sphères de décision situées 5000, peut-être 10000 km plus haut, sur l’autre hémisphère, à Denver, USA. On parle de nettoyer le bateau au plus vite, de rallonger la campagne de 10 jours, de sorte que rien de notre science n’en sera affecté. Mais l’information qu’on reçoit est floue, brouillardeuse, et ce flou imprègne l’humeur globale de l’équipage. La fin de la traversée, longeant la côte Est de l’Argentine, se déroule dans un calme paisible. La confiance de certains se mélange avec la lassitude des uns et l’incertitude des autres.

3. Il y a quelques jours, je ne sais plus exactement quand, on est finalement arrivés à Punta Arenas. La fougue à l’idée d’arriver à terre est bien vite retombée. Il n’y a pas de place au port et il faut encore attendre un jour de plus pour mettre pied à terre. Mais quelques hommes de Denver arrivent bientôt à bord du bâteau, avec un bâton de parole qui devrait dissiper notre situation brumeuse… On nous réunit vers 16h dans la salle de conférence, ce qui n’était plus arrivé depuis quelques jours. On nous dit : « Il faut nettoyer, voici Mr X expert en gestion de feu sur bateaux, qui va s’occuper de votre cas. Il s’y connaît très bien. Il dit que ça n’a pas l’air trop grave. Il prend ses échantillons d’air, pour en évaluer la qualité, demain à la première heure. On les envoie directement dans un labo de Santiago, où ils seront analysés en triple vitesse. Mais il ne fait aucun doute que ça ira bien, et vite. D’ici deux jours, ou peut-être trois, vous devriez pouvoir repartir. »

4. Tout le monde reprend confiance et est heureux. Mais bien vite, l’info floue, communiquée par rumeur plutôt que par voie officielle, que les échantillons doivent partir à Mexico plutôt qu’à Santiago, circule. Ce qui reporte le départ minimum au lundi plutôt qu’au vendredi. Histoire d’enrayer le enième pffff de désespoir, tous les belges et le hollandais, sauf Jean-Louis et Bruno (pour des raisons de travail), plus quelques américains, partent au Parc National de Patagonie « Torres del Paine », pour deux jours. On part très tôt le matin samedi dans deux Fiat, une grise et une blanche, pour manger la route depuis Punta Arenas jusque Puerto Natales, située à 250 km au nord. Il fait très beau, ce qui est extrêmement rare, paraît-il. Les paysages sont désolés et magnifiques. A la fin de la journée, on roule jusqu’au parc à travers piste sillonnant des reliefs volcaniques de plus en plus escarpés. Les animaux et la beauté du paysage ralentissent notre route. Le soir, on arrive au refuge et la saucisse au barbecue accompagnée des étoiles du ciel austral est extrêmement goûteuse. Le lendemain, debout à 6h30, et hop, marche jusqu’au plus haut point possible situé au pied des tours de la montagne. C’est dur, mais c’est bon et c’est beau. On revient au bateau, tard le soir, et avec un moral de vainqueurs.

5. Cependant, sans cracher dans notre soupe, on déchante bien vite, de nouveau. A notre retour, on apprend d’abord que le départ est reporté à mardi, puis mercredi, puis jeudi. Cette fois-ci, on ignore les raisons du report du départ. On craint très fort l’annulation de la campagne. Aujourd’hui c’est la fête nationale chilienne. Il fait magnifique à Punta Arenas. Mais sur le NB Palmer, il y a un microclimat. Aujourd’hui, le ciel au-dessus de nos têtes, le gris de la lassitude prend le dessus. Je prie Dieu à chaque instant pour que la prochaine fois que je touche mon clavier pour le blog, je vous annonce notre départ immmmminent. En attendant, je vous prie d’agrée l’expression respectueusement distinguée de mes salutations australes, polies, recourbées et associées à moult marques de cordialité chaleureuses et interminables. Portez-vous bien.

Martin